Pourquoi Google rachète Nest, pourquoi Facebook rachète Oculus ?
Tenter de comprendre la stratégie des géants du web dans leurs acquisitions revient à peu près à tenter de résoudre un puzzle : comment voir une cohérence entre les rachats de Whatsapp et Oculus de Facebook ou le rachat de Nest par Google ? Je ne pense pas que l'objectif immédiat d'une acquisition soit le fond du problème, mais qu'il faut plutôt se demander comment, pour ces sociétés fortement leaders dans leur domaine, conserver une croissance aussi forte durablement ?
Le taux de croissance de Facebook est passé de 94% à 56% entre 2010 et 2013, un taux qui reste certes appréciable mais qui n'est pas suffisant dans un contexte d'ultra-concurrence : les autres réseaux sociaux comme Twitter, ou Google, doivent toujours redoubler d'effort pour démontrer leur dynamisme auprès des annonceurs.
A mon sens, afin de maintenir une croissance forte, la réponse la plus simple est de tenter des développements inaccessibles en matière d’investissement, que ces sociétés sont les seules à pouvoir financer. Comme ni Google ni Facebook n’ont la capacité à aborder des sujets aussi différents en interne, la solution la plus pertinente est donc de racheter des entreprises ayant développé le savoir-faire et recruté les bonnes équipes pour s’en charger.
La diversification des activités n'est pas une stratégie nouvelle !
Si on regarde rétrospectivement les stratégies des grands groupes industriels, à une époque où les cycles de développement étaient plus longs, on se rend compte des développements réalisés.
Samsung, créé en 1938, filait de la laine et était leader dans son domaine en Corée. Puis le groupe s'est orienté vers d’autres business. L'assurance, la distribution et l’électronique grand public en 1960 lui ont permis de connaitre une croissance démesurée que ne lui permettait pas son métier premier.
Vivendi, aujourd’hui 2ème groupe de divertissement au monde - après Disney - était à l’origine une société qui distribuait de l’eau, la Compagnie Générale des eaux.
Siemens, fondé par Werner Siemens, l'inventeur du télégraphe, était à l’origine spécialisé en materiel de télécommunication. Le groupe est aujourd’hui un leader en matériel médical.
Nokia était une usine de pâte à papier avant de se diversifier vers le caoutchouc, les téléviseurs, puis vers les télécommunications et les terminaux mobiles.
Lorsqu’on est un groupe qui fait partie des plus grosses capitalisations au monde, on se doit d’aller chercher dès maintenant ce que valorisera le marché dans quelques années, d'innover, d'avoir un temps d'avance.
La seule conclusion que l’on puisse tirer de ces acquisitions est que le board de Facebook considère déjà que son business historique ne connaitra plus les taux de croissances de ces dernières années très longtemps. Sinon ils ne chercherait pas d’autre pistes dès aujourd’hui.